Nelson Mandela, de son vrai prénom “Rolihlahla“, « secoue-les-arbres », a passé une grande partie de sa vie à accomplir des choses que nous ne comprenons pas et qui nous secouent effectivement même encore aujourd’hui. Pour lui, le concept africain d’ubuntu, « fraternité », est essentiel.
Tiré d’un proverbe zoulou « Umuntu ngumuntu ngabantu », « une personne est une personne par les autres », il s’inscrit à l’opposé de l’individualisme primant en Occident depuis la Renaissance. Ubuntu signifie que nous sommes tous liés les uns les autres, le « je » ne prime jamais sur le « nous ».
TOUT POUR L’UBUNTU (la fraternité)
Ce livre parle d’une énigme, Mandela, que beaucoup voient comme un sauveur mais lui-même refusait cette étiquette qui plaçait la barre trop haut car « il ne voulait pas faire de ces promesses trop grandes qui ne sont jamais tenues » (p255).
Pour Nelson Mandela, le concept africain d’ubuntu, « fraternité », est essentiel. Tiré d’un proverbe zoulou « Umuntu ngumuntu ngabantu », « une personne est une personne par les autres », il s’inscrit à l’opposé de l’individualisme primant en Occident depuis la Renaissance.
Ubuntu signifie que nous sommes tous liés les uns les autres, le « je » ne prime jamais sur le « nous ». L’auteur explique : « l’arbre généalogique occidental l’amusait par son côté simpliste. Pour lui, nous étions tous des branches d’un seul et même grand arbre familial. Voilà ce qu’est l’ubuntu. » (p252)
Nelson, de son vrai prénom Rolihlahla, « secoue-les-arbres », a passé une grande partie de sa vie à accomplir des choses que nous ne comprenons pas et qui nous secouent effectivement même encore aujourd’hui.
En effet, comment comprendre pourquoi :
– il a sacrifié 27 ans de sa liberté au service d’un idéal : l’égalité pour tous, Blancs et Noirs, ce qui ne pouvait pas se concevoir sans le combat contre l’apartheid
– prisonnier, il a demandé à ses gardiens l’autorisation de cultiver un coin de terre, ce qui l’a conduit à se nourrir lui ainsi que ses codétenus mais aussi les gardiens (p238-239) car il avait besoin, en prison, d’un endroit à lui « où se perdre pour mieux se retrouver »
– en sortant de prison il a cherché la réconciliation entre les Blancs et les Noirs plutôt que l’antagonisme parce qu’« il percevait les peurs des Blancs et les frustrations des Noirs » (p230)
– il a appris la langue, la culture et tout ce qui tenait à cœur aux Afrikaners afin de leur parler leur langage, de cœur à cœur, ce qui n’était pas, contrairement à ce que beaucoup ont cru, un renoncement à son identité propre mais c’était ce qui pouvait lui donner les outils pour influencer et convaincre l’autre. En prison, même les gardiens venaient le voir la nuit pour lui demander des conseils.
– il n’est pas resté président à vie mais s’est contenté d’un seul mandat. Pour lui, la priorité était de donner un cap et non piloter le navire.
>>>> Tout cela ne peut s’expliquer autrement que par cette quête d’un vivre-ensemble en harmonie. Ce que nous considérons, nous, comme un sacrifice – celui de sa liberté – Mandela l’a considéré comme un devoir au service de cette quête.
En définitive, la caractéristique principale de Mandela est d’avoir été capable de transformer les aléas de sa vie en opportunités et de prendre des décisions à contre-courant.
Lorsqu’il était jeune étudiant, à la suite d’un malentendu, il se retrouve élu au conseil des représentants mais comme il n’a pas été choisi par une majorité, il considère que le résultat n’est pas légitime et refuse de siéger. Par principe, il préfère alors quitter cette université mais paradoxalement, c’est cette décision qui lui a ouvert un autre chemin, celui de la précarité puis d’un petit boulot dans un cabinet d’avocat puis l’idée de reprendre des études de droit pour devenir avocat… Et ensuite défendre bec et ongles ses clients contre les lois de l’apartheid, ce qui le conduira à l’engagement que l’on connaît. « Quand la situation change, vous devez modifier votre stratégie et votre conception des choses. En un sens, le principe ultime, c’est le pragmatisme ». (p126)
Mandela a toujours fait des choses improbables. Ainsi, malgré les épreuves, il gardait toujours sur le visage ce sourire radieux, or peu d’Africains de sa génération souriaient ainsi : « Le sourire de Mandela compte parmi les plus rayonnants de l’Histoire. Il transmet chaleur et sagesse, pouvoir et générosité, compréhension et pardon » (p109).
Autre exemple, grâce à la patience apprise à la dure, en prison, il apprend à peser ses décisions qui sembleront parfois incompréhensibles à son entourage tel que le fait de confier des missions importantes à ses adversaires. En leur témoignant une confiance sincère, il parvenait à les influencer pour les amener à aller chercher au fond d’eux-mêmes les qualités qu’il percevait en eux. Il réussissait à les convaincre qu’ils pouvaient DEVENIR ce qu’il voyait en eux.
Dans les dernières pages de son livre, Richard Stengel cite Mandela : “Les hommes viennent et les hommes s’en vont. Je suis venu, je partirai quand ce sera mon heure” et l’auteur ajoute « même quand il cède à l’éloquence, il reste terre à terre ». (p257)
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4 LEÇONS DE LEADERSHIP À RETENIR DE NELSON MANDELA
1) s’inspirer des leaders : dès l’enfance, il a écouté les histoires des anciens chefs xhosas puis il a été impressionné par Julius Nyerere, le président tanzanien, qui se présentait comme un homme du peuple habitant dans une maison modeste et conduisant une petite voiture. S’inspirer de chefs de cet acabit lui a appris : l’importance de l’étude, de l’honneur et de la discipline mais aussi le pragmatisme pour poursuivre des objectifs, la maîtrise de ses émotions et ne pas réagir de façon précipitée, la dignité, la capacité à s’affranchir des préjugés.
2) avoir des principes, une morale, notamment être intolérant à l’injustice, avoir une conduite correcte et courtoise, être bienveillant et authentique, écouter toutes les opinions, voir le positif chez les autres et dans toute situation.
3) avoir de la discipline, Mandela en observant des hommes de son âge avoir pris du poids avec l’âge, a dit que la prison l’a aidé à garder la ligne, dormir à l’heure (8h !) développer sa capacité de concentration (entrer dans le monde que son jardin lui offrait apaisait son esprit)
4) connaître ses sujets en profondeur, jusqu’à entrer dans le personnage qu’on veut incarner : tout est bon à apprendre ainsi pour cultiver son jardin, « il a commandé des livres d’agriculture et d’horticulture payés de ses deniers. (…) Il était aussi exigeant pour parler des engrais que des questions politiques ». Lorsque, bien avant d’être emprisonné, il était passé dans la clandestinité, il est entré dans le personnage de soldat, lisait les manuels militaires, etc.
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EXTRAITS DU LIVRE
« Le but de Mandela n’était pas tant de montrer à Botha qu’il avait étudié l’histoire des Afrikaners mais d’établir de façon claire un parallèle entre la rébellion des Afrikaners et le combat de l’ANC contre l’apartheid. Et il avait ajouté avec à-propos que le gouvernement avait libéré les rebelles dans les six mois ayant suivi leur arrestation, tandis que lui et ses camarades étaient détenus depuis plus de vingt ans. Et quand Mandela a demandé à Botha de libérer Walter Sisulu – une décision que Botha avait publiquement refusé de prendre –, le président a accepté. » p157
« C’est la prison qui lui a enseigné à ralentir le pas ; elle a également renforcé chez lui l’idée que la précipitation menait aux erreurs de jugement. Par-dessus-tout, il a appris à attendre longtemps les résultats d’une action – sa vie entière incarne cette patience. La plupart d’entre nous sont habitués au contraire. Parce que notre culture récompense la vitesse, nous voyons l’impatience comme une vertu. Nous confondons la brève jouissance d’une gratification avec l’expression de nous-mêmes. Nous apprenons à saisir les occasions quand elles se présentent, à répondre aux sms sans cesser de réfléchir. Mais nous aurions tort de laisser l’illusion de l’urgence nous pousser à des décisions non mûries. » p185
« Le potager faisait à peu près un mètre sur douze. Il longeait le bâtiment, parallèlement aux portes des cellules. Des gardiens en faction surveillaient Mandela quand il creusait la terre et plantait. Au début, il s’est servi de ses mains, mais il n’a pas tardé à se procurer des outils : une pelle, un râteau. Il demandait à ses parents et amis de lui envoyer des graines. Pendant que les autres détenus jouaient aux dames, lisaient ou discutaient dans la cour, lui s’occupait de ses plantations. Ils souriaient de ce vieil homme dans son jardin. Lui en était très fier. » p238-239